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Publié par Totoche Ribata

Affiche Badminton Championnat France - Bordeux Toto - Jofo artiste

 

    Même les cancres en herbe le savent : O + O = la tête à Toto. Soit un bon gros Zéro tout rond, tout rigolo.
    Un portrait des plus épurés, incontestablement tout en sobriété, mais de tous immédiatement reconnu. C’est Toto, le roi des zéros ! Un sacré zozo !
    Un dessin à l’économie (le zéro et même deux zéros ne coûtant pratiquement rien), dessin certes « nul » mais universellement célèbre, efficace donc, réalisable en 3 tours de main et 4 traits.
    La Tête à Toto (comme « les blagues à Toto », moins chères que celles à « 2 balles ») peut ainsi rapidement égayer, sans être un Picasso, les marges des cahiers des écoliers qui s’ennuient et rêvassent en rond (ou encore tapisser et sortir de leur grisaille des vitres embuées). Elle est une modeste enluminure à la portée de tous et toutes (bien que les garçons en soient plus friands que les filles, sans doute plus exigeantes quant à la qualité de leurs illustrations). Toto reste un ornement puéril pour potaches paresseux et adultes nostalgiques ou peu doués en crayonnage.
    Ceux qui rencontreraient des difficultés pour crobarder la trombine à Toto peuvent toujours consulter le tuto réalisé par « Presto dessin » où le petit Robot Tic Tac Toc leur expliquera comment « dessiner Toto très facilement » !
    Si le crâne de Toto est habituellement impeccablement lisse, son caillou peut accessoirement s’agrémenter de quelques hachures ou d’un point d’interrogation (style professeur Nimbus [1]). Le riquiqui panache pose alors question et le personnage gagne elliptiquement en maturité !
    Il est, en effet, toujours possible de progressivement enrichir la figure initiale, de fignoler la primitive ébauche.
    Dessiner Toto, c’est la base ! Lui donner consistance, lui conférer une épaisseur, l’animer, est tout un art (voir « Apprendre à dessiner avec la tête à Toto »).
 

Affiche Toto Jofo artiste
Le Toto de Jofo - Détail de l'affiche de l'Exposition Jofo, Coutras, 2007 - © Jofo


    Ainsi, en 1991, sous le pinceau de Jean-François Duplantier, dessinateur et peintre bordelais touche-à-tout [2], inspiré par les « bonhommes têtards que tous les enfants dessinent » [3], Toto est devenu un petit personnage au graphisme rondement abouti, mais particulièrement percutant et attachant ! Gamin aux rondeurs « rassurantes » cernées de noir, galopin aux « yeux éberlués et perplexe » (dixit Wikipédia), le dénommé Toto a envahi l’univers pictural fantaisiste de Jofo (pseudonyme et signature de l’artiste ,tout aussi « rond » et « lisse » que son alter ego Toto — Jofo est le diminutif de Jean-François, les « o » ayant remplacé, à point nommé, les « . » de J.F. [4]).
    La bonne bouille du Toto de Jofo est devenue « sa marque de fabrique et le narrateur de sa vie » !

    Dès lors, comme le souligne Florence Fargeaut, « la fantaisie de [l’] univers pictural [de Jofo], la lisibilité immédiate de son graphisme, l’utilisation des couleurs vives et acidulées, son sens de la “mise en scène” ont naturellement attirés des publicitaires, des médias, des entreprises publiques et privées, des associations vers son travail. » [5]
    Jofo a ainsi créé plusieurs affiches où des « Totos » bigarrés dynamisent des évènements sportifs d’envergure, notamment la Coupe du Monde de Football 1998 (série de 5 posters annonçant les rencontres jouées à Bordeaux), le Championnat de France de surf 2019 (Biarritz, 23 octobre – 1er novembre), et… deux affiches de badminton !
    La première à l’occasion du Championnat de France 2004 qui s’est tenu à Bordeaux les 21-22 et 23 mai, la seconde pour le Championnat de France 2009 organisé par l’Union Sportive du Sport Scolaire (UNSS), les 30 et 31 mars, toujours à Bordeaux, ville où Jofo s’est installé en 1991 (à 18 ans).
 

Affiche Badminton Championnat France - Toto - Jofo artiste
Championnat de France de Badminton UNSS, Bordeaux, 2009 - © Jofo


« Et zéro plus zéro, c'est la tête à Toto
Zéro moins zéro, c'est ses deux fesses au frigo
. »
(J.C. Rocle et J.-M. Guesdon, « La tête à Toto »,
interprétée par Les Mômes du CE2, Les Éditions du Pékinois, 2003)


    Des productions graphiques « fun, décontractées, positives », volontairement naïves, très impactantes, et causantes, qui ne sont pas sans rappeler les personnages sans visages et toujours en mouvement du street artiste américain Keith Haring. Les bonhommes de ce « pape du graffiti » avaient d’ailleurs inspiré un badaffichiste, Fabien Pichot, dans la réalisation de l’affiche du tournoi organisé en 2019 par Le Mans Badminton (LMB). Se reporter à l’Arrêt sur affiche #23 : « StreatBad à la manière de Keith Haring ».

    Pour découvrir l’univers fantastique dans lequel évoluent les Totos de Jofo, explorez et déplacez-vous dans le painting échiquier du « Jofoland », le site officiel de Jofo !
    À lire pour aller plus loin, Florence Fargeault, « Jofo "de la bonne éducation à la Mauvaise Réputation" », 2024.


[1] Créé en 1934 par André Daix, le Professeur Nimbus comptabilisera quelques 13 000 courtes aventures, en séries de 4 images. Ce Comic strip, totalement muet (sans aucun texte), extrêmement populaire, fut publié dans nombre de quotidiens français et du monde entier ! Voir sur Gallica-BnF « Le Professeur Nimbus ».
[2] Il est aussi musicos dans un groupe de rock : The Snoc, « dont l’anagramme - les cons – est […] à l’image de l’artiste : un poil pince-sans-rire et irrévérencieux, mais toujours en douceur ».

[3] Aline Chambras, « Les Totos de Jofo », Bordeaux émoi.
Le personnage a pris forme en 1991, à l’occasion de la rédaction de sa thèse de fin d’études d’architecture intitulée : Oui-Oui et son Toto d’architecte. « C’était un petit livre dont la première page reprenait celle de “Oui-Oui au pays des jouets”. [Elle] racontait l’histoire de Oui-Oui qui voulait faire construire une “maison pour soi tout seul” et faisait appel pour cela à Toto l’architecte. L’objet était furieusement anti-académique, principalement des peintures et des dessins » (de Toto). Une fois son diplôme empoché, Jofo s’est résolument orienté vers ses dessins et sa peinture… Cf. Stéphane C. Jonathan, « Jofo la fête à Toto », Sud-Ouest, Le Mag.

[4] En 1996, alors qu’il était étudiant Jofo signait J.F. Duplantier. C’est son cousin (Dominique Duplantier, dessinateur et son aîné de 15 ans) qui lors d’une de ses premières expositions lui a suggéré de modifier sa signature, pour éviter que les visiteurs ne s’emmêlent les pinceaux en confondant les deux artistes. « J’ai grossi les points qui sont devenus des O, expliquera Jofo . Ça collait hyper bien avec mon art. C’est rond, c’est lisse, ça claque. » Cf. « Jofo, l’enfance de l’art ».
[5] Florence Fargeaut, Jofoland.

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