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Publié par Jack’O-Lantern

 

    Une affiche dynamique, très impactante, éditée par le Badminton Club Auxonnais (BCA-21), pour un tournoi par équipe intitulé Hallo’win. Une mise en mots originale qui appelle les participants (« hallo hallo ») à venir vaincre (to Win) !
    Notons que l’interjection « allô », qui a fait le succès de Nabilla (« non mais allô quoi ? »), proviendrait selon certains de l’anglais Helló et pour d’autres du hongrois Hallodtu m’entends ») et Hallomje t’entends »), question et réponse formulées par les frères Puskàs, deux chercheurs hongrois, lors de tests téléphoniques réalisés en 1879 en présence d’observateurs étrangers qui retiendront cette onomatopée passée à la postérité.

    Mais revenons à l’apparition de cette fantomatique citrouille qui n’est pas sans rappeler un volant enveloppé d’un linceul (orangé). Un volant-citrouille dont les plumes composent un rictus acéré. Denture constituée de hachoirs rougeoyantes, aux allures de brasier ! À Auxonne, en Côte-d'Or, ça va chauffer et lacérer sévère !
    Le tout tranché en deux par un volant-météorite signé BCA (le logo du club), embarquant dans sa traînée deux tenaces araignées.
    Autant d’ingrédients assemblés pour faire « frissonner » et composer une percutante affiche.
    Une citrouille ardente, un lampion incandescent et sarcastique, qui ne déplairait pas à cette canaille de Jack’O-Lantern !
    De quoi foutre la ci-trouille… et l'occasion de se pencher sur l’expression familière « avoir la trouille » !

    Cette formule populaire, passée incognito dans le langage courant, renvoie aux bas-fonds du corps, aux borborygmes des entrailles. Elle s’est, en effet, construite à partir du verbe « trouiller », au sens de «lâcher un pet » et faire dans son froc (ou sa culotte) [1].
    Selon les lexicologues, vers la fin du XIXème siècle « trouille » signifiait colique et « gros pet ». Ces spécialistes de l'origine des mots notent l’apparition, au XVe, de « troilles » au sens de « pétarade », un dérivé de deux verbes, repérés au XIIIème siècle, « troilieir » : broyer et « troiller » : presser (la vendange).
    Ainsi « trouiller » (avoir la trouille) soulignerait une analogie entre la fabrication du vin et l’activité des intestins : broyage, pressurisation, fermentation, évacuation.
    Une peur intense détraquerait la tuyauterie et accélèrerait ses expulsions, une sorte de fuite en avant, un sauve-qui-peut…
    S'il est avéré que la peur puisse provoquer une perte partielle ou totale de contrôle du corps – genoux qui tremblent, jambes en coton, dents qui s’entrechoquent (chocottes [2]), chair de poule, pétrification, évanouissement, sueurs froides, etc. –, ce sont les maux des boyaux, les dérèglements intestinaux, les paniques viscérales, qui semblent être les plus mis en mots…, et être les plus parlants pour signifier la peur (ou l'appréhension) qui saisit les tripes.
    Une déroute, une Bérézina, scientifiquement, biologiquement, expliquée.
    Le responsable de cette déconfiture serait le « cerveau d’en-bas », tout particulièrement émotif, qui ferait son grand-remue-ménage (l’intestin compte quelques 500 millions de neurones, d’où son nom de « deuxième cerveau »).
    Dans Le charme discret de l’intestin. Tout sur un organe mal aimé …, best-seller de Giulia Enders (traduit en différentes langues), l'étudiante en médecine allemande, note que « Quand la peur nous saisit, notre cerveau arrache notre gros intestin à sa tranquillité. Celui-ci n'a plus assez de temps pour résorber les liquides et nous avons la colique. " Chier dans son froc", c’est donc le résultat d'une réalité scientifique. » [3]

    Si certaines expressions sont ainsi sans aucune ambigüité, comme également avoir la pétoche (ou les pétoches), directement issue de péter…, d’autres d’apparence moins scatologique renvoient également à la défécation incontrôlée.
    Ainsi « foutre les jetons », où « jeton » proviendrait du verbe « jeter », au sens ancien de« faire jaillir, sortir de soi »[4]. « Vers le Xème siècle, observe Gaël Brulin (rédacteur à 24latins.fr), le verbe jeter s’employait pour désigner l’action de pousser vivement quelque chose à l’extérieur. Petit à petit, on a commencé à parler de “jeter” pour dire que l’on faisait ses besoins. » En 14-18, les « Poilus » (qui dans les tranchées n’en menaient pas large) transformèrent le « jeter » synonyme de « déféquer » en « jetons ». D’où l’expression argotique « avoir les jetons » ! [5]

    Aussi, s'il vous arrive de croiser des citrouilles diaboliquement grimaçantes et bigrement grinçantes, mieux vaut vous tordre de rire !
 

D'autres posters affichant des bouilles de citrouilles à découvrir dans la Galerie des Tournois de l'Horreur !
 

ABC - Châtenois (67) - 2013

 


[1] Le Centre National de ressources Textuelles et Lexicales (CNTRL) remarque que : trouiller, est répandu dans les dialectes de Franche-Comté et du Jura, au sens de « lâcher des vents » ; cf. aussi chez Huysmans ça le trouille « qui se dit de quelqu'un qui est tourmenté par le besoin de péter » (1887 ds Cressot, Phrase et vocab. Huysmans, Paris, 1938). https://www.cnrtl.fr/etymologie/trouille//1
[2]
Au XIXème siècle, une chocotte désignait une dent. Et dériverait de « chicot » (dent gâtée ou cassée).
[3] Giulia Enders, Le charme discret de l’intestin. Tout sur un organe mal aimé , Paris, Actes Sud, 2015, p. 119 (Titre original : Darm mit Charme, Berlin, 2014).
[4] Ce qui là aussi renvoie à « l’association habituelle de la peur avec l’excrétion fécale ». https://www.expressio.fr/expressions/avoir-les-jetons
[5] Gaël Brulin « Pourquoi dit-on “avoir les jetons” ? », mars 2022.

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