#48 : À fond de Trains
Des productions trop tchou-tchou qui devraient régaler les ferrovipathes (ou « railway enthusiast », ces passionnés du monde ferroviaire), réalisées pour le Volant-Express, tournoi annuel du club des Cheminots de Strasbourg (ASCS-67).
Depuis 2018, date de sa première mise en service, l'emplumé rapide a déjà sifflé quatre fois !
Sur un toile de fond à l'invariable géométrie mais aux couleurs changeantes, Ophélie Mathon, la conceptrice de ces affiches, a incrusté de pittoresques illustrations, combinant astucieusement ferroviaire et badminton.
En 2018, c'est une légendaire locomotrice à vapeur, en provenance du fart-west, qui déboule, équipée de son caractéristique chasse-buffles. La conquérante mécanicienne qui, crinière au vent, manœuvre la Bête, semble lancée à la poursuite du volant accroché au museau de sa Lison [1] . Mais parviendra-t-elle à freiner à temps pour s'arrêter en gare de Strasbourg, terminus de sa course folle, sans heurter les butoirs de fin de voie ?
Mieux vaut donc, à son passage, par prudence, s'écarter de la bordure du quai !
Moins à fond les manivelles, 2019 propose un wagon d'omnibus, où un jeune couple profite d'un arrêt, suite peut-être à un « incident technique indépendant de notre volonté », pour faire connaissance en s'essayant à un multi-volant. Faisant fi des avertissements, pourtant gravés en bordure des fenêtres, à l'attention des voyageurs tentés par le polyglottisme qui s'aviseraient à prendre un bol d'air : « E pericoloso sporgersi - Nicht Hinauslehnen - It is dangerous to lean out ». En français, « Ne pas se pencher au dehors ».
Une voiture qui porte également inscrit, à l'attention des éventuels retardataires, un conseil de bon aloi : « Si tu as raté la première édition, tu peux toujours prendre le deuxième wagon ».
En 2021, en plein port du masque, prudence sanitaire oblige, un passager et un TER (Express Régional, ou loco CC au caractéristique nez cassé), débarquent en parachute pour accompagner l'annonce du moment : « Même masqué, tu peux jouer ».
Plus rustique, faute sans doute à de nouvelles restrictions budgétaires (?), c'est dans un modeste wagonnet, habituellement réservé au transport de charbon et de minerais quelconques, que 2022 prend la « route pour une nouvelle édition ».
Cette fois-ci, il va falloir que notre badiste-herscheur [1] pousse fort pour remettre sa berline sur son rail (à crémaillère) et espérer arriver à l'heure !
Et pour rendre hommage à tous les travailleurs et toutes les travailleuses du rail,
entonnons « Le Chant des chemins de fer »,
cantate composée en 1846, en trois nuits, par Hector Berlioz,
pour l'inauguration de la Gare de Lille !
[1] « Lison » est le tendre prénom donné, dans le roman d'Émile Zola, La Bête humaine (1890), par le mécanicien Jacques Lantier à sa vaillante « machine », sa loco qu’il bichonne avec amour.
[2] Le herscheur (ou encore hercheur) était un ouvrier dont le métier consistait à her(s)cher, soit à manœuvrer, pousser, une « berline » (wagonnet chargé de houille) dans les mines à charbon. Travail extrêmement pénible qui pouvait être exécuté par des femmes et des enfants…