#12 : La Esméralda !
Quelle est belle la Chiquita, la gracile Esméralda.
Envoûtante Gitane, bohémienne aux « grands yeux noirs [qui] ensorcellent » !
FRJM - Jouy-Le-Moutier (95) - 2018 - © Aline Hinh
Une éblouissante robe rouge vif, aux trois rangées de volants circulaires qui flottent et s’envolent, pour cette élégante Andalouse à la peau finement hâlée, toute en sveltesse et en tonicité. Invitation à une fiesta endiablée, au rythme trépidant du flamenco !
Quelle beauté que cette Bailaora martelant le sol de ses « bulerías sabates », qui après un zapateado (marquage du tempo avec le talon ou la pointe du pied), s’est lancée dans une escobilla impétueuse, un solo de talons-pointes, ponctué de soudaines accélération. Des subidas», effectuées sous le crépitement des castagnettes !
La fougueuse Sévillane conclut, ici, une ultime série effrénée, par une ruade qui envoie en l’air sa zapata ! Olé ! « Vamos [todos] a la fet » !
Aline Hinh qui a réalisé cette affiche pour le club de Jouy-Le-Moutier (FRJM95) n’a négligé aucun détail :
- depuis le choix des couleurs qui renvoie à la Catalogue. Le sang et or des Catalans, bien sûr, le noir dense et luisant du « toro bravo » aussi, et peut-être le blanc « lumineux » du papier des Gitanes (les concurrentes historiques des Gauloises) !
- jusqu’au chignon d’un noir profond, intensifié par le pourpre de la traditionnelle « fleur flamenca », et à l’incontournable et frétillant éventail (dont la dentelure n’est pas sans rappeler celle d’un volant de badminton) ;
- Enfin, l’attitude altière, si caractéristique de l’indocile Flamenca. Posture quasi identique à celle d’une mythique Gitane, icône, enveloppée de volutes de fumée, produite par un géant du tabac et réalisée, en 1947, par l’affichiste Max Ponty.
Que alegría !
Comment ne pas se laisser entraîner par tant de charme !
Comment ne pas se précipiter pour attraper au vol la chaussure de la belle qui monte, monte au ciel, comme une invite à prolonger la nuit nu-pied !
Comment ne pas céder à la tentation, au risque de la damnation !
« O Lucifer ! Oh ! laisse-moi rien qu'une fois
Glisser mes doigts dans les cheveux d'Esméralda… »
Affiche d'Hervé Morvan, vers 1950 |
Ce mot produisit un effet magique.
grimpant aux murailles pour voir, et répétant :