#30 : Deux productions « tape à l'œil » !
Deux affiches « complémentaires » qui montrent qu'avec un déclic imaginatif, il est possible de faire preuve d'originalité et d'en mettre plein les mirettes. Deux idées à première vue simples... mais encore fallait-il y penser !
À l'instar de l'anglicisme punchline, on pourrait ici forger celui de punchposter, pour caractériser ces images au trait d'humour percutant !
D'un côté, pour son 14ème tournoi, BadaBar fait péter le bouchon (de bad), non sans classe et maestria. De l'autre une Lune, estomaquée par l'outrage, se fait pocher l'œil par une fusée, lancée depuis la base bretonne de Kervignac. Un prototype de vaisseau spatial qu'aurait certainement apprécié l'illusionniste Georges Méliès, pour conduire, en 1902, le Professeur Barbenfouillis dans son Voyage dans la Lune.
L'impact nocturne, pour un tournoi organisé un soir de full Moon, laisse présager d'un beau coquard et d'une semaine arc-en-ciel : débutant par une pigmentation rouge carmin (due à une vaso-dilatation, ou une explosion, des vaisseaux sanguins), virant ensuite au bleu, puis au vert-bleu (l'hémoglobine se dégradant en biliverdine !), pour prendre ensuite une teinte marron ou violet foncé, confinant au noir, et achever sa guérison en virant au jaune (la biliverdine se transformant en bilirubine...). Pour résumer, après avoir vu scintiller pas mal d'étoiles et virevolter quelques chandelles, l'infortuné touché, momentanément estourbit, en verra ensuite de toutes les couleurs !
Méfiance et prudence, le bouchon dans l'œil, qu'il soit de Champ ou de Bad, est un accident douloureux qui peut avoir de fâcheuses conséquences...
Le pétillant bouchon est, en effet, expulsé à une vitesse estimée à 40km/h, et peut atteindre les 100km/h, en fonction de l'énervement des bulles (pas besoin de secouer, il suffit de laisser la bouteille en plein soleil). Il faut donc, en moyenne, 0,05 secondes à ce champignon, compact et râblais, pour parcourir 60 cm. Soit moitié moins de temps qu'un clignement d'œil. Aussi, gare aux mirettes qui se trouveraient dans ce rayon de destruction ophtalmique (les accidents de bouchons de champagne sont la première cause de cécité accidentelle, pendant les fêtes).
Quand au second, il démarre encore bien bien plus vite... La vitesse d'un smash, d'un badiste qui ne fait pas dans la caresse, fluctue entre 200 et 300 km/h. Elle excède les 400 chez les distributeurs de parpaings et une élite de bastonneurs flirtent désormais avec les 500... [1]
Certes les pruneaux décochés ralentissent rapidement, mais, comme cet affaiblissement est fonction de la distance parcourue... mieux vaut ne pas pointer son nez trop près du pas de tir, surtout lorsque qu'un gros cogneur arme son bras ! Ceux qui douteraient du potentiel de perforation et de destruction du gracile objet, peuvent consulter diverses vidéos, disponibles sur le Web, montrant quelques démolisseurs s'amuser à incruster, transpercer, et quasiment éclater, de bonnes grosses pastèques... usant de leur Super Power Smash !
Illustration réalisée par Georges Méliès, publiée dans Le Nouvel Art Cinématographique, janvier 1930,
pour illustrer l'article « Le Gala Méliès à la Salle Pleyel »,
disponible en ligne sur le site de La Belle Équipe : ICI
Selon une étude chinoise, si le « kill dans l'œil » peut advenir en simple, la traumatisante collision surviendrait plus fréquemment en double. Le joueur qui prend le filet est d'évidence le plus exposé (même si l'étude ne le précise pas). C'est bien connu, ceux qui sont en première ligne, ceux qui montent vaillamment au front, prennent bien plus de risques que les planqués de l'arrière... Il sont des cibles faciles pour les stupids killers qui, plutôt que chercher des espaces libres, les allument délibérément par des attaques au corps, manière de les intimider ou de, soit disant, leur apprendre le métier...
Le joueur amené à s'avancer en zone avant est, par ailleurs, d'autant plus exposé qu'il est placé entre deux feux : à la fois à la merci des rushs et autres contre-attaques adverses, mais aussi des attaques (complètement loupées) de son partenaire, soit, en jargon militaire, les fameux « tirs amis », ou fratricides, provenant de son propre camp (responsables de 10 à 15% des pertes au combat, selon certaines études)... Pour éviter ces désagréments, le Ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport Québecois conseillait ainsi d'éviter de se retourner pour « suivre la trajectoire du volant et voir quel coup son partenaire exécutera ». « Ne regardez pas en arrière », prévenait-il, et concentrez-vous plutôt sur les déplacements et réactions du camp adverse ! Au pire vous prendrez un bouchon dans l'occiput, le dos, ou les parties charnues de votre anatomie [2].
Comme, en mixte, ce sont régulièrement les dames qui sont envoyées aux avants-postes, et que de plus les hommes cherchent à attaquer sur le dit point faible, il est fort possible que ce soient elles dont les mirettes dégustent en priorité... (bien qu'aucune statistique ne corrobore actuellement cette supposition).
T-shirt « I want Hugs », « pour sportif [...] qui aime taper dans le volant même si, pour ce dernier,
c'est un peu dur à vivre », Marque Avomarks
À ces yeux au beurre noir dus au volant, il convient d'ajouter quelques coups de raquettes... en principe malencontreusement distribués par son/sa partenaire (bien plus rarement par un adversaire, bien qu'il arrive que des raquettes surexcitées traversent les terrains). Ces frappes qui mettent surtout à mal nez, dents et gencives, n'oublient pas totalement les yeux. Aussi, pour parer à tout risque de traumatisme oculaire, des lunettes de protection sont fortement conseillées... mais rares sont ceux/celles qui en chaussent, sauf à avoir déjà fait la très cruelle et traumatisante expérience...
Car, outre que cela fait (très) mal, les volants tape à l'œil peuvent endommager le cristallin (les médecins parlent de subluxation), décoller les rétines, avec pour conséquence une hyper-sensibilité de la pupille à la lumière, provoquer des vertiges et des maux de tête carabinés. Et, dans les cas d'extrême violence, la châtaigne reçue peut causer des dommages irréversibles, entraîner une perte notable de vision, pouvant aller (fort heureusement exceptionnellement) jusqu'à une cécité complète et définitive...
Et, pas question de vous retourner contre l'auteur des faits pour lui demander des dommages et intérêts. Cet accident fait partie des risques du sport !
Notes
[1] À titre de « comparaison », la vitesse d'une balle en « caoutchouc souple », tirée par un Flash Ball Super Pro, est de 429km/h... La dite « balle », pesant 28gr pour un diamètre de 44mm et n'étant équipée d'aucun système de freinage, les dégâts causés sont sans commune mesure... énucléations, traumas crâniens, fractures du mandibule, etc...
[2] Ministère de L'Éducation, du Loisir et du Sport, « Au badminton, ne jouez pas vos yeux ! », Québec. À consulter ICI.