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    Une prise d’affiche surplombante, saisissant toute la somptuosité, la richesse quasi artistique, du vol du singulier volatile portant dentelle, qu’est le Volant. Un bien étrange zozio, capable d’envolées majestueuses, de s’élever haut, très haut avant d’entamer une descente à l’impeccable verticalité, proche de la chute libre.
 

BCN - Narbonne (11) - 2017


     Un élégant, à la cape immaculée, qui peut se transformer en un cruel rapace, fondant sur sa proie à des vitesses fulgurantes. Récemment, un spécimen nichant en Malaisie a été flashé à quelques 493 km/h ! Un piqué qualifié de « dévastateur » par des observateurs tout ébouriffés.
     Le loustic se montre également capable de facéties, d’extravagances, voire d’iconoclasteries.
   Versatile, il peut inopinément changements de direction et provoquer de déstabilisantes prises à contre-pied, contraignant les scrutateurs de ses courses folles à d’héroïques et spectaculaires plongeons pour lui éviter de mordre le sol et le « sauver » in extremis.
     Toutefois, malgré sa bonne bouille, sa mignonnerie, et la pureté de sa crinoline, il reste un indésirable voyageur, rarement bien bienvenu, toujours repoussé et rejeté sans ménagement.
     En 1939, le journaliste Raymond Lavèrerie présentait ainsi le badminton aux mâles lecteurs d’Adam La Revue de l’Homme »), ce sport alors « à peu près ignoré du grand public [où] l’on traite sans ménagement le gracieux volant des demoiselles. Cette balle empennée, c’est un oiseau nonchalant que les joueurs se renvoient avec violence pardessus un filet haut placé, et les coups de raquette crépitent comme des coups de carabine » ! [1]
     La chasse au Volant était ouverte. Une poursuite sans merci s’engageait pour dégager l’intrus, l’expulser manu militari de son espace, avec la ferme intention de le mettre à terre, de lui faire manger le Taraflex, usant pour cela de techniques sans cesse perfectionnées et, désormais, enseignées dès le plus jeune âge.
 

SOBAB - Saint-Orens (31) - 2018 - © Stéphane Macario
À visiter la Galerie consacrée aux affiches de l'artiste en cliquant ICI
 

     Le Volant fait ainsi figure d’apatride, perpétuellement contraint de migrer d’un territoire à un autre, balloté entre deux débatteurs qui refusent de lui accorder le moindre asile. Aussi, l’existence (parfois bien courte) de ce malvenu se résume en d’incessants allers-retours par-dessus une frontière qui peut, malheureusement, se révéler piégeuse. Nombre terminent cette alternance le plumage emmêlé dans un dense maillage. Quant à ceux qui tentent de se faufiler par-dessous le filet tendu, ils sont vite ramassés par la patrouille et renvoyés illico « chez eux », sans aucun ménagement.
     Les amis et défenseurs de la cause volante ne devraient-ils pas se pencher sur cette maltraitance et pétitionner sévère, en mode .org ! D’autant que parfois, sous la violence des coups reçus, les plus fragiles, les plus démunis (simplement vêtus de plastique), se disloquent en plein vol. Tête arrachée, à tout jamais séparée du plumage. Couic !
     Plus respectueux, certains de nos ancêtres se contentaient d’une simple ficelle pour toute ligne de démarcation (nous en reparlerons dans un prochain texte, qui s’attardera sur les différentes manières de pratiquer à l’ancienne !).
    Notons, à titre d’anecdote, qu’exceptionnellement et quasi magiquement, certains funambules réussissent à se poser en douceur sur le faîte de cette frontière, et à se maintenir en équilibre sur cette fine bande, suscitant l’ébahissement de ceux qui y étaient et l’ont vu pour de vrai. Un exploit, confinant au miracle, qui méduse les spectateurs, les interloquent, et fait naître des légendes !

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